Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

"Le sommeil est le frère jumeau de la mort" (Homère)

par Roger Kint

"Le sommeil est le frère jumeau de la mort" (Homère)

Au commencement de cette amitié, elles auraient dû y voir le meilleur des leurres et le pire des faux rires...

Lule était une jeune fille revendiquant une âme d'artiste "incomprise", après un bref séjour, peu studieux, dans une académie d'art, elle se lança dans la nature, pensant faire ses preuves sans grandes difficultés. Mais elle n'arriva qu'à se fagoter d'un certain titre de "figeuse d'images " ( un peu trop présomptueuse cette petite!). Telle une bohémienne, elle trouvait des contrats de temps à autres mais rien de bien valorisant, alors accablée d' un passif trop lourd ( eh oui! même le papier doré commence à peser lorsqu'il est accumulé!) elle se résigna, ainsi, à trouver un poste d'appoint au sein... d'Echosland. Et devant réguler ses crises de nerfs, face au monde anxiogène qui la cernait, grâce à toutes sortes "d'agonistes GABA". Elle se devait d'expliquer sa victimisation, et par conséquent, sa surconsommation de benzodiazépines en tous genres, par les noms scientifiques, des médicaments qu'elle ingurgitait. Car, vulgariser leurs dénomination, reviendrait à vulgariser sa maladie ( une maladie qui aurait pu être créée par ce cher Docteur Faustroll, lui même!).

Et "jamais au grand jamais elle ne laisserait quelqu'un lui dire que son anxiété n' était qu'un condensé de fabulations" malgré ses séances hebdomadaires chez un" recérébrateur artificiel" dans le seul but d'obtenir le petit carton d'autorisation de rationnement de ses précieux neuroleptiques...

Elle n'était certes, pas totalement dénuée de personnalité, mais elle, justement, ne savait accorder toutes ses personnalités. Jouant d'une extravagance, témoignant d'une confiance s'apparentant à un ballon de baudruche, elle se nourrissait des bavardages d'Echosland ( son cerveau ne lui autorisant plus d'accès vers le monde imaginaire, dû à une liquéfaction, de la majorité des neurones de son encéphale droit, par des grandes doses d' anxiolytiques absorbés durant toutes ces années), qu'elle "cancanait" et adorait transformer.

Comment s'exprimer lorsque l'on à rien dire?

Altérer des dires la faisait vivre! Car enfin elle existait, certes, à travers des ragots, mais de cela elle en tirait au moins l'avantage de s'extraire du lot, car devenant la mater nutritive de la curiosité des autres, elle instituait une utilité, une dépendance de l'appétit auditif de ses collègues, vis à vis d'elle.

Avait-elle enfin, trouvé sa place, ou n'était-elle que l'ingénieur de sa propre matrice illogique?

Déidon, arriva 10 ans après Lule, dans la forteresse d'Echosland. Ne témoignant que de trois ans de moins que cette dernière, elle eu une "caresse de foudre cordial" à son égard.

En effet, Déidon, abondonnée de camarades, cherchait, incurablement, à se vanter d'une certaine popularité. Mais pour cela il lui fallait des "faire-valoir" qui criaient "absent" autour d'elle. Ainsi, lorsqu'elle commença à travailler avec Lule, elle pu enfin, elle aussi, s’enivrer de croire à sa propre existence. désabusée d'une quelconque confiance, elle trouvait en Lule, ce qu'elle voulait y voir, le reflet de ses désirs d'estime et d'audience.

C'est comme cela qu'elle fut atteinte d'une forme aigu, de la maladie " decipere aestimare".

Projetant ses propres frustrations sur un prototype utopique, elle se nargua intérieurement de souscrire à une contamination par projection de ses souhaits...

Sans faux semblants ( du moins, au départ) Lule et Déidon s'unirent, dans une franche amitié. Épiloguant sur les agissement et dire de leurs collègues, et riant de "bon cœur" aux bévues de ces derniers, elle fusionnèrent... Littéralement!

Puisque si l'une d'elle médisait, alors le "nemesis" de celle-ci devenait le commun et qu'il en allait de même dans l'appréciation. Elle décidèrent un jour, d'adhérer à une nouvelle formule de l'entreprise, de neuromanipulamythos "Megapsychique". Cette formule, visant principalement les couples, puis dérivée au cours des années pour les jumeaux, membres d'une même famille, puis amis, permettait d'agréger et souder les cellules de 2 jusqu'à 4 personnes en même temps ( néanmoins la fusion des 4 ne fut possible qu'un siècle après l'invention de celle des 3, dû à de "petits problèmes techniques").

En conséquence, Déidon et Lule, renaquirent sous la forme de parfaites sœurs siamoises. Se partageant un corps relié à leur deux cerveaux, elles ne ressentaient plus le besoin de communiquer, expressément, verbalement. Car, dorénavant, les liaisons nerveuses envoyaient le message identique aux différents cerveaux... complémentaires. De cette manière, Déidon pouvait jouir d'un corps plus grand et Lule d'une dizaine de nouveaux et sains neurones (elles pouvaient bien sur, se "dessouder" de temps à autres, mais l'intervention exigeait du temps).

Mais le monde qui devait les unir serait celui qui causerait leur calamité...

Les années passèrent, et leur fusion fut banalisée, leurs collègues s'y étaient habitués. voyant ces deux différentes personnes marchant d'un "même corps" mais avec des personnalités différentes. Puis un jours, alors que Lule surpris Déidon à recevoir un message signé, du grand Roi invisible, sans pour autant, avoir le temps de le lire, elle s'offusqua de ne pouvoir lire les pensées de Déidon. Car cette dernière, les bloquant. Des soupçons émergèrent, se développèrent, se multiplièrent pour bientôt devenir légion. Elle commença à questionner sa colocataire corporelle, espérant ainsi lui tirer les "vers" du nez mais malgré les rejets de toute relation, Lule ne se resignait guère, à y croire. Alors, un soir, alors qu'elles faisait la fête, " corps à part", Lule se dit que lui faire ingurgiter des Hydroxyles en grande quantité ( tout en faisant semblant d'en boire aussi pour mieux s'amuser!) délierait certainement les molécules de langue de son acolyte. Cependant ce ne fut qu'une nouvelle successions de négations. Ainsi, elle décida de prendre un petit congé individuel, le cachant derrière un besoin de temps pour se recentrer. Déidon n'y voyait aucun indice de dégoût ni peur, et ne put donc y suspecter la moindre rancœur.

Cependant, un jour, la direction les invita à être blâmées. Un de leur collègue, ancien délinquant ayant séjourné en "maison de sable pour les yeux", avait dénoncé leurs agissements, concernant des morceaux d'âmes, qu'elles truandaient aux clients. Effectivement, trouvant les journées trop ennuyeuses, elles avaient inventé un jeu, basé sur des croyances amer-indiennes, et qui consistaient à prendre, sans que quiconque ne le sache, des parcelles de leurs âmes, en y annotant quelques messages, qu'elles jugeaient excitants pour leur zygomatiques.

Lule ne supportant plus d'être sans cesse disputée, imagina un plan qui lui révélerait qui avait "vomit la palabre". A force d' arrogance, elle en oublia son individualité spontanée ainsi que son excès de neurones défectueux, de la sorte qu'un jour, elle finit par trop s'exprimer, divergeant de l'interrogatoire d'une collègue à l'anecdote sur ses soupçons envers Deidon. Sa collègue turquoise, se retrouva à trop en savoir, et choquée par la mastication mentale qu'elle exerça sur son amie, elle décida de prévenir cette dernière des intentions corrosives de Lule.

Au bord de l’apoplexie mentale, Déidon, trahit et blessée au plus profond de son ersatz de conscience se résigna à jouer le moineau confesseur.

Une semaine plus tard, après qu'elles aient toutes deux retrouver leur symbiose moléculaire, la tâtant cérébralement, elle la testa.

Et cela signa leur testament....

Connectées par la majorité de leurs liaisons nerveuses,  Déidon comprit la vérité et sombrant dans une rage noire elle voulut partir en courant, mais Lule consciente, qu'elle devait la retenir sans quoi jamais elle ne réussirait à se faire absoudre, essaya de pousser le corps dans le sens opposé.

Le drame s'exposa au yeux et au su de tous les gens présents. Le corps ne supportant point autant de violence contradictoire se déchira...

Devant les yeux ahuris de leur collègues et des clients, leurs viscères s'éparpillèrent alors que les deux têtes volèrent, telles les balles d'un jongleur, pour finir l'une en face de l'autre, les yeux de l'une scrutant celle de l'autre dans l'expiation d'un faux dernier souffle...

Heureusement, une de leur collègue, ayant été formatée à la conservation des aliments, s'arma de deux cloches à fromages, les retournant pour les transformer en récipients, elle put y sauvegarder ces deux têtes. Les secours de l'entreprise de neuromanipulamythos arrivèrent à temps pour y verser un produit miracle permettant aux cerveaux de survivre et de "respirer" sans poumons. Finalement, le corps fut irrécupérable, et les parents de ces deux jeunes filles ne supportant leur "mutilations" prirent la décision d'en faire "don" à Echosland, qui à son tour les transforma en mascotte "supra-ordinaire". Capables de se parler car conscientes, leur têtes servirent de décoration, animation attirant de jour en jour plus de clients, ainsi que de caméra de surveillance in vitro.

En conclusion, Déidon et Lule purent avoir ce qu'elles avaient toujours traqué, une existence unique et extraordinaire, une vie célèbre et ... estimée à sa juste valeur!

"Le sommeil est le frère jumeau de la mort" (Homère)
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article